Les voyages, c’est mon truc. J’aime me confronter à des univers complètement différents du mien, découvrir de nouveaux horizons. D’ailleurs, le premier semestre de ma première année de bachelor n’était pas encore terminé que je pensais déjà à partir une année en échange. Quelque part, loin de ma petite ville de Neuchâtel. C’est un peu par hasard, en épluchant la liste des possibilités que m’offrait mon université, que je suis tombée sur l’Ile de la Réunion. Après une rapide recherche sur Google afin de savoir où exactement se situait ladite île, ma décision fut prise. J’allais partir une année dans la France de l’Océan Indien.
L’arrivée est saisissante. On croit que l’avion va se poser sur l’eau tellement l’aéroport est proche de la mer. De hautes montagnes aux cimes encombrées de nuages veillent sur l’île. Quant au campus, il se trouve dans la capitale, un peu excentré. Des palmiers et des buissons remplis de fleurs lui donnent un aspect bien différent de tout ce que je connaissais. C’est là que les facultés de sciences, de lettres et sciences humaines ainsi que de droit étaient rassemblées, là aussi que se trouvait la résidence pour étudiants dans laquelle j’allais loger.
La chambre était plus spacieuse que je n’avais craint, j’avais même un petit balcon. Par contre, dans mon bâtiment, toilettes et douches sont à l’étage. J’espérais toujours ne croiser personne en me baladant dans le couloir enveloppée dans mon linge de douche, mais il m’arrivait souvent de tomber sur ma voisine... dans la même tenue que moi. Dans l’autre résidence, les chambres étaient plus petites mais disposaient d’une douche et d’un WC. Les couvertures n’étaient pas fournies, détail ennuyeux lorsqu’on vient de loin, pas plus que les ustensiles de cuisine... On s’est finalement tous retrouvés à posséder les mêmes assiettes, qui étaient en promotion la semaine de notre arrivée.
Quelques jours après mon arrivée, les cours ont débuté. Première surprise, ceux-ci pouvaient durer jusqu’à trois heures. Pas facile de rester concentrée aussi longtemps, malgré la pause plus ou moins longue selon l’humeur du professeur. La précision suisse ne semble en effet pas de mise ici, certains enseignants étant même spécialistes pour arriver en retard! Quant aux cours en eux-mêmes, certains sont très intéressants, d’autres plutôt médiocres. Comme j’étudie l’anthropologie, j’ai particulièrement apprécié ceux concernant Madagascar ou la Réunion et son histoire mouvementée, qui a vu arriver sur son sol des gens venus des quatre coins de la terre.
Mais tous les étudiants Erasmus ne fréquentent pas assidûment les bancs de cours. Il y en a selon moi deux types. D’abord, celui qui aimerait voir ses crédits validés et travaille d’arrache-pied pour réussir ses examens. Ensuite, celui dont les efforts ne seront de toute manière pas reconnus et qui est là uniquement pour faire la fête et profiter des charmes d’une île tropicale. Evidemment, le premier type est plutôt rare, mais on le trouve en cherchant bien. Il existe d’autre part tout un tas d’espèces que je qualifierais d’intermédiaires et qu’il serait trop fastidieux de décrire plus précisément. Pour les individus du premier type, les deux grandes bibliothèques universitaires offraient un lieu de travail calme et une mine d’informations précieuses, alors que ces mêmes lieux octroyaient aux seconds une connexion Internet rapide et un air climatisé très apprécié lors des journées de grande chaleur.
Sur le campus, l’ambiance est très conviviale. On a vite appris à connaître tous les étudiants en échange, qui viennent principalement d’Allemagne, d’Angleterre ou du Québec. Petit à petit, on rencontre aussi des gens du coin, des Réunionnais, mais aussi des Malgaches, des Mauriciens et des Comoriens qui sont nombreux à venir étudier dans cette université. Quand on se sent d’humeur à cuisiner, on se retrouve en petits groupes dans l’une des cuisines. Les recettes s’échangent allègrement: cari créole et rougail saucisse contre spaghetti carbonara et rösti aux champignons.
Assez régulièrement, de petites fêtes sont organisées, que ce soit pour un anniversaire, la fin d’un examen, ou pour aucune raison particulière... tout est un bon prétexte! On se retrouve alors à l’extérieur, devant la faculté des sciences. Les Erasmus aiment bien boire réunionnais: punch et Dodo, la marque de bière locale, sont toujours de la partie. Malheureusement, les groupes se mélangent assez peu, et les étudiants en échange sont souvent de leur côté, les étudiants Malgaches du leur; les Réunionnais, quant à eux, se font souvent plus discrets.
De nombreuses activités sportives sont organisées par l’université. Il y a toutes sortes de sports d’équipes, de la danse, du fitness, tout cela étant gratuit pour les étudiants. Comme j’habitais sur le campus et donc à deux minutes des salles de sport, je me suis essayée à tout: cours de volley-ball, danse façon Bollywood, danse traditionnelle réunionnaise, et aussi yoga, avec un prof sympathique qui nous répétait dans un anglais approximatif avec son drôle d’accent indien: «Eat less, breathe more!». On peut même pratiquer des sports aquatiques: de la plongée sous-marine, du canyoning ou encore du surf, pour 35€ par semestre. J’étais un peu stressée la première fois que j’ai endossé la lourde bouteille d’oxygène, mais j’ai vite fini par me sentir... comme un poisson dans l’eau.
Pendant les week-ends, on en profite pour découvrir un peu la Réunion. Et il y a de quoi faire. Sur la côte ouest se trouvent les jolies plages de sable blanc, protégées par la barrière de corail. On peut passer des heures à observer les poissons, équipé d’un masque et d’un tuba, ou à se prélasser au soleil. Mais les hauts de l’île sont les plus envoûtants; de hautes montagnes déchiquetées entourent trois cirques profonds truffés de sentiers de randonnée et de villages pittoresques. Dans l’un d’eux, le plus sauvage, où l’on aime partir à l’aventure, aucune route goudronnée ne ternit le paysage; on ne peut y accéder qu’à pied... ou en hélicoptère!
Entre découvertes et rencontres marquantes, ce séjour a été pour moi bien plus qu’un simple échange universitaire. Peu importe l’endroit où l’on se rend, une telle expérience est quelque chose à ne pas manquer!