Comment voient-ils la suisse?

Regards d’étudiants de tous azimuts

Le nombre d’étudiants étrangers qui fréquentent les universités et les hautes écoles suisses ne cesse de croître. Qu’ils viennent des pays limitrophes ou de contrées plus lointaines, leur immersion constitue une réelle expérience de vie. etudiants.ch a sollicité quelques-uns d’entre eux pour recueillir leurs ressentis. Le vécu personnel diffère mais les témoignages concordent: confort de vie, avenir professionnel et froideur helvétique sont les thèmes qui
agrémentent leur discours.

«Ne pas devoir trimer»

Sur le plan des études, nos interlocuteurs témoignent d’une certaine satisfaction. Andrea, étudiant en art et originaire de Milan, relève la bonne organisation administrative, alors que le Parisien Fabien témoigne du suivi plus individualisé des projets.

Mais si tous deux ont tenté l’expérience internationale, c’est aussi pour profi ter d’un environnement adéquat pour mener des études. «Les petits jobs, avance Fabien, sont beaucoup mieux payés. Il est agréable de ne pas devoir trimer comme un esclave pour fi nir le mois correctement. Par ailleurs, les études reviennent moins chères, alors que la valeur du papier est complètement identique.»

Plus d’opportunités

Leurs discours se rejoignent aussi lorsqu’on aborde leur vision du système suisse. Ils évoquent unanimement la qualité de vie et les débouchés professionnels plus nombreux.

Ana, venue du Portugal, mentionne pour sa part «les moins grandes disparités entre les salaires et les meilleures opportunités dans le secteur tertiaire».

Andrea n’est quant à lui pas insensible à la situation politique. A ses yeux, cette dernière paraît «mieux en Suisse, parce que l’administration Berlusconi démantèle les écoles d’instruction, notamment les écoles artistiques. Il y a bien plus de liberté en Suisse, et cela est beaucoup plus plaisant.»

Déficit social

S’ils se montrent globalement satisfaits, nos trois étudiants en vadrouille mettent cependant le doigt sur les valeurs sociales lacunaires d’une société helvétique pour trop individualiste.

Ainsi, Ana remarque qu’ «il est particulièrement difficile de s’intégrer et de créer un groupe d’amis. Les gens ont des rôles très spécifiques et ne sortent pas de ces derniers. Si on travaille ensemble, cela ne va pas vraiment aller plus loin.» Quant à Andrea, ce dernier insiste sur le manque évident de solidarité et constate beaucoup de frustration: «Bien que le niveau de vie soit plus élevé, les gens ont l’air assez malheureux.»

«Un pays paisible»

Rencontre avec Thomas Diouf, étudiant sénégalais


Agé de 28 ans, thomas est venu en Suisse pour compléter sa formation en audio-visuel, commencée au Sénégal cinq ans auparavant.

Quel regard portes-tu sur la suisse?
Les gens sont corrects, voire même un peu trop, dans le sens où ce sont des personnes de paroles: lorsqu’elles disent quelque chose, elles le font. Les commodités sont beaucoup mieux organisées que dans mon pays. De plus, c’est un pays paisible par rapport à la violence dans la société. J’ai aussi beaucoup aimé le fait que ce soit un pays très ouvert à la culture. Il est possible de se renseigner sur tous les domaines, ce n’est pas quelque chose que l’on trouve partout. Quand je pensais Suisse, je voyais des banques, mais je me suis rendu compte qu’il y a beaucoup de gens très attachés à la terre, et cela m’a rappelé mon pays.

Qu’en est-il de la face obscure?
Le prix de la vie! Quand on est étudiant étranger, c’est difficile de s’en sortir. Et aussi les relations entre les gens! Ici il n’y a pas que la température qui soit glaciale, les gens peuvent l’être et c’est dommage. Pour cela, la culture de mon pays me manque. Il me semble qu’ici il est plus diffi cile de se faire des amis, des rencontres. Les Suisses mettent beaucoup plus de temps à se lier et sont quand même difficiles d’accès.

En matière d’études, quelles sont les différences?
Par rapport à la formation, on a vraiment beaucoup plus d’outils que chez moi. Ici il y a les archives qui nous sont ouvertes, et plein de possibilités de rencontres de personnes. Les cours sont bien pensés, il y a vraiment une adéquation entre ce que l’on apprend et ce que l’on fait, les choses sont très construites, et on peut tout relier. C’est un cursus très étudié sur le choix des cours, et il y a pas mal de participation
des étudiants.