Les élections du 21 octobre sont à nos portes. Dans quelques jours, il sera temps de choisir les 200 membres du Conseil national (nombre fixé au prorata de la population de chaque canton) et les 46 membres du Conseil des Etats (2 par canton, 1 par demi-canton). Une dernière occasion de récapituler quelques enjeux importants de cette élection, sans prétention d'exhaustivité.
Le Parlement et la main verte.
En folie au début de l'année, l'agitation autour des mouvances vertes semble s'être quelque peu atténuée. Les partis traditionnels ont-ils réagi et choisi de devenir plus verts que l'original? Peu crédible sur le long terme, l'explication tient la route en période électorale. Les discussions sur les questions climatiques ont également peu à peu quitté le terrain du pur émotionnel pour s'inscrire dans différentes pratiques politiquement acceptables. La question du nucléaire conserve toutefois son fort potentiel de polarisation.
Dans les cantons où Ecologie libérale est présente (Vaud, Valais, Neuchâtel entre autres), les électeurs ont le choix entre deux mouvements écologiques. Vouloir aujourd'hui mettre en avant ses préoccupations environnementales ne signifie plus souscrire au programme social du PS. Sauf surprise, Ecologie libérale et les Verts devraient voir leur cote prendre la voie ascendante.
L'UDC, progression au profit du centre mou?
Au soir des élections, ce sera à n'en pas douter la première question: quel score pour l'UDC? Au regard de leur campagne, il est clair que les troupes d'Ueli Maurer poursuivent une logique de la haute pression: conserver l'attention des électeurs à n'importe quel prix jusqu'au 21 octobre. Seule solution afin que le premier parti de Suisse confirme son statut de leader, rester présent sur tous les fronts. Pour atteindre son ambitieux objectif de 100'000 nouveaux électeurs, l'UDC va miser gros sur la Suisse romande. Si ailleurs le parti agrarien semble avoir atteint son quota, il entend bien prospecter sur terre francophone.
Face aux bulldozers des extrêmes (UDC et PS), le centre droit (PDC et PRD) fait figure d'enfant pauvre. Malgré certaines habiles propositions, le PRD souffre toujours d'un déficit d'image qui pourrait encore lui coûter quelques voix. Alors que la proximité de leur situation voudrait les voir s'allier, le PRD et le PDC mènent une guerre d'occupation du centre. A ce petit jeu, la fraction d.c. pourrait profiter d'un regain de vitalité. Le sourire de Doris a-t-il conquis les coeurs?
La concordance, objet de toutes les disputes.
Certains commentateurs considèrent l'élection de 2003 comme un tournant dans la marche de la politique suisse. La formule magique était morte (1 UDC, 2 PS, 2 PRD, 2 PDC, en vigueur de 1959 à 2003). Ou à ré-inventer, pour les plus optimistes. Durant 4 ans passés à l'exécutif, Christoph Blocher a secoué (violemment) les vénérables mécanismes de concordance du Conseil fédéral. Non dépourvues d'intérêt lorsqu'elles sont faites dans le respect du droit, ces bousculades obligent les 7 sages et l'administration fédérale à repenser leur collaboration.
Au-delà du fonctionnement collégial, ce sont toutes les règles non écrites de la vie politique qui sont remises en question par une nouvelle approche autrement plus provocatrice. Ces bouleversements n'ont pas manqué de s'inviter dans une campagne marquée par des comportements limites ou parfois douteux, provoquant de fortes réactions.
En filigrane des élections d'octobre s'inscrit d'ores et déjà la question de la future composition du gouvernement. S'il ne s'agit pas de choisir des «grands électeurs» à la sauce US – mais plutôt les représentants qui légiféreront durant 4 ans, les élections au Conseil fédéral du mois de décembre sont déjà dans tous les esprits.