Si l'on attribue volontiers aux filles un statut de groupies ou de chanteuses à texte, elles sont de plus en plus nombreuses, DJettes et rockeuses, à s'afficher aux platines comme à la guitare, sur des scènes musicales jusqu'à présent animées principalement par leurs confrères. Regard sur cette invasion féminine réjouissante en compagnie de nanas qui n'ont pas froid aux oreilles!
Tandis que les artistes Water Lilly, Sonja Moonear et Miss Kittin ont acquis une véritable reconnaissance dans le monde du mix au-delà des frontières suisses, les talentueuses Jacqui et Eli Verveine leur emboîtent le pas avec empressement. Habitées par une passion commune pour des styles musicaux aussi variés que la techno, la house, le funk et l'electro, ces jeunes filles ont commencé par sortir danser sur leurs rythmes préférés avant de goûter au plaisir de manipuler elles-mêmes les vinyles. C'est grâce à son enthousiasme débordant et des années de pratique acharnée, que Jacqui s'est frayé un chemin dans « le milieu ». Résidente à « La CauseTek » à Lausanne et instigatrice des « MiniShake Parties » dans divers clubs du pays, la DJette s'emploie à offrir aux amateurs les joies d'une « shake ya ass music » et dit trouver sa principale motivation dans les sourires que lui adresse son public. Quant à sa compère Eli Verveine, plus connue outre-Sarine, elle est de toutes les fêtes depuis qu'elle s'est procuré le matériel indispensable à une reine de la nuit. Accompagnée de ses amies, Anne Air et DJ Nat, l'artiste zurichoise sélectionne le meilleur de la techno-house dans l'émission radio « Scandal ! » sur Audioasyl et participe au concept « Break Da Röstigraben !!! » qui propose des rencontres musicales entre des DJs romands et suisses-allemands.
Musiciennes de longue date, Maude et Valérie, respectivement bassiste et guitariste de la formation post-rock Toboggan, se rappellent avoir plaqué leurs premiers accords dans un grenier en reprenant du Hole, l'un des groupes alternatifs les plus abrasifs des années 90. Vite repérées par le boss de Gentlemen Records, le label de Honey For Petzi et Magicrays, les filles enregistrent un album qui tombe dans les mains de John Peel himself, fameux DJ sur BBC Radio One []. Fortes de leur expérience, Maude et Valérie parcourent les salles de concerts européennes et ne tardent pas à se distinguer dans l'univers relativement fermé d'un rock'n'roll complexe et mélodique, non sans le support de leur batteur Jérémie. Plutôt à l'aise avec les mecs qui l'entourent, la bande confie qu'elle fait figure de « large minorité » en Suisse romande mais qu'elle est très bien acceptée. Si elle considère le travail de ses homologues masculins comme équivalent, Maude évoque tout de même chez Toboggan une « approche particulière » de la composition qui reflète une « sensibilité différente ».
Qu'elles s'éclatent sous l'étiquette de rockeuses ou DJettes, on retiendra de ces dames leur immense savoir-faire et le bonheur qu'elles communiquent en enchaînant des titres jubilatoires. Cultivant entre elles un bel esprit d'équipe, les nanas n'en sont pas moins fair-play à l'égard des hommes avec qui elles partagent l'affiche de multiples soirées, car «le plus important demeure la musique, quelle que soit la personne qui la produit», souligne Jacqui. Respect les filles! |