N'as-tu jamais rêvé d'étudier ailleurs? Voici un petit tour d'horizon de ce qui se passe ailleurs, sur le campus de brique rouge et de béton gris de l'université de Chao-Yang, située dans la ville de Taichung à environ trois heures trente de train de la capitale. Lorsque Yiwei quitte Taoyuan et la maison familiale à la fin du weekend, son trajet se fait la plupart du temps debout parce qu'il n'y a pas assez de places pour tout le monde dans les trains, mieux vaut donc prendre le car. Yiwei, c'est l'étudiante grande et toujours souriante que tu vois là sur la photo. Elle a eu dix-neuf ans cet été et a fait sa rentrée universitaire en septembre, en tant qu'élève de deuxième année.
Le système universitaire
A Taïwan, le système universitaire se rapproche plus de celui des Etats-Unis. Pour choisir l'université de ses rêves il faut avoir les meilleures notes et être dans les meilleurs aux tests de sélection. Yiwei, étudiante douée était cependant inquiète à l'idée de rentrer à l'université et de devoir passer des tests très difficiles pour lesquels elle n'aurait pas eu le niveau. Elle a finalement opté pour l'université technique de Chao-Yang sans regret parce que même si l'université se trouve sur les flancs de la montagne et que d'aller d'un endroit à l'autre sur le campus demande un peu d'exercice, c'est une université sympa dans laquelle le contact entre élèves et professeurs est très naturel et décontracté.
Un cadre de vie sympa
Taïwan, c'est souvent un mélange d'énormes buildings qui se fondent dans un arrière fond de montagnes de fougères vertes. Yiwei aime son île même si elle en critique le climat chaud et humide. Aujourd'hui elle te propose la visite guidée des alentours. Lorsqu'on arrive aux portes grillagées de l'université et que l'on en a franchi l'entrée bien gardée, on se retrouve dans une rue légèrement en pente qui abrite en majorité des maisons d'étudiants. Celle dans laquelle vit la jeune étudiante se situe tout au bout de la rue, près des commerces et des restaurants, en face d'un temple bouddhiste. Ici, sacré et modernité urbaine font bon ménage. Après avoir passé les grilles de l'immeuble on se retrouve devant un parking de scooters. Les taïwanais aiment se déplacer en scooter et il y'en a plein les rues. Yiwei regrette de ne pas avoir le permis parce qu'elle est ainsi obligée de marcher jusqu'à l'université tous les jours. Sa chambre est très modeste et sobre (le lit est très dur mais c'es normal, on est en Asie ici) cependant l'étudiante est contente d'avoir son petit coin à elle qu'elle se plaît à décorer. Cet été, elle était très anxieuse à l'idée de vivre seule, mais finalement elle en est très contente. Les taïwanais sont habitués très tôt à quitter le cocon familial pour aller dans les meilleures high shools ou universités mais se retrouvent pour la majorité dans des dortoirs avec d'autres jeunes, tout comme Yiwei l'an passé.
Tu peux l'appeler Eva
Yiwei est étudiante en anglais. Comme chaque élève ayant un jour suivi un cours d'anglais, Yiwei s'est donné un nom anglais, Eva. C'est sympa et c'est plus facile à retenir pour les profs étrangers. A Taïwan, être étudiant en langues, c'est surtout étudier la langue elle-même, la culture qui y est liée et même comment l'enseigner. Il n'y a que peu de littérature au programme. L'étudiant d'anglais de première année a le choix entre étudier comme deuxième langue le japonais ou l'allemand.
Eva a choisi l'allemand (ici on a encore une dent contre les japonais même si cette langue et sa culture sont devenues un effet de mode). Eva se réjouit de l'année prochaine, elle pourra enfin apprendre le français. Il y a un an, elle a eu la chance de venir étudier et visiter l'Angleterre. Cet été elle est venue en Suisse et en France ce qui lui a donné envie d'apprendre le français.
Les possibilités
Malheureusement l'université n'offre aucun échange avec des pays francophones. La destination la plus prisée est l'Australie mais Eva n'a pas envie de s'y rendre en échange universitaire. Pour le moment elle compte donc rester à Taïwan et finir ses études de langues qui peuvent durer de quatre à six ans, un peu comme chez nous en sorte. Avec ce diplôme il y a diverses possibilités d'embauche. Les compagnies étrangères recherchent beaucoup de jeunes diplômés parlant anglais. Il y a bien sûr aussi la possibilité de devenir prof, mais le rêve d'Eva est de partir directement travailler à l'étranger. La grande partie des étudiants de Chao- Yang se destinent à être ingénieurs mais le département des langues est bien développé, et comme en Suisse comprend une majorité de filles. Contrairement à la plupart des asiatiques dont l'accent reste incompréhensible, Eva a toujours eu le don des langues tout comme son frère qui lui étudie à Taipei. Quand on les entend parler, c'est clairement face à un accent californien que l'on se trouve.
Loisirs à cent à l'heure
Ce petit accent des frères Cheng leur vient peut-être de cette passion taïwanaise pour la culture américaine. A la télé ici, jamais de postsynchronisation mais des sous-titres. Les jeunes taïwanais vivent à cent à l'heure et surtout la nuit (chaleur oblige!). Il est rare de les voir couchés avant deux heures du matin, le week-end comme la semaine. Le msn presque connecté en permanence d'Eva en témoigne. Les jeunes taïwanais sont férus d'internet, c'est un bon moyen de rester en contact avec les amis étrangers, mais aussi avec d'autres amis taïwanais disséminés à travers toute l'île. Mais si le msn d'Eva est souvent branché c'est un leurre, parce que cette année Eva est très impliquée dans la communauté universitaire et a très peu de temps pour elle. Pour améliorer son anglais en dehors des films, elle participe avec ses amis à des coffee corners, activité idéale pour se faire des amis, notamment avec les étudiants étrangers en échange, encore un bon moyen d'améliorer son anglais au quotidien. Elle fait partie du comité d'accueil des étudiants étrangers. En plus de ça, elle s'occupe aussi des élèves de première année. Ils organisent des fêtes et autres activités, une université normale quoi ! Enfin à une petite différence près: à Chao-Yang, les étudiants de première sont de corvée de nettoyage des bâtiments, une tâche à laquelle Eva n'a pas été trop triste de renoncer, cédant la place à des activités qui sont sympas pour de vrai. Pour se détendre après cette vie trépidante et sans repos, Eva pratique le yoga et aime chanter, surtout de la pop chinoise.
Le temps des adieux
Il est temps de quitter Eva et Taïwan, mais si un jour tu as la chance de te rendre là-bas, sache qu'à l'image d'Eva et ses amis les taïwanais sont très sympas et généreux. Ils n'hésiteront pas à te faire visiter l'île et à t'inviter au restaurant. Taïwan est aussi un pays qui recrute puisque la plupart des profs d'anglais sont souvent jeunes et étrangers. Il est environ dix heures du matin et tu reçois ton etumag; à Taichung c'est l'heure où les cours s'achèvent et où tout le reste peut commencer.