Fromage ou dessert? Mer ou montagne? Des choix, toujours des choix. Même The Clash, célèbre groupe punk anglais, affichait à l'époque ses doutes en s'interrogeant sur le thème "Should I Stay Or Should I Go?". Tous les matins, il faut ainsi choisir ce que l'on va porter. Et le soir, avant d'hésiter sur le film à voir au cinéma, il faut encore décider de ce que l'on va manger.
Choisir, toujours et encore...
Ces choix-là sont anodins. On peut facilement assumer une erreur vestimentaire ou une coupe de cheveux improbable, le ridicule étant rarement fatal. D'autres, tout au long de notre vie, sont capitaux. Nous sommes régulièrement confrontés à des moments de questionnement intense, de remise en question visant à décider d'une nouvelle orientation, d'un nouvel élan. L'un de ces moments fondamentaux est celui du choix d'un métier. Lorsqu'on s'engage sur une voie professionnelle, quelle que soit sa longueur ou sa difficulté, il vaut mieux être sûr de son fait. Evidemment, aucune décision n'est irrévocable et il est souvent possible de faire marche arrière. Seulement lorsqu'on embrasse une carrière "pour faire comme papa" et qu'on s'aperçoit trop tard que c'était une erreur, on perd une des rares choses qu'on ne peut acheter: le temps. Pour éviter ce genre de déconvenues, il faut être à la fois curieux et critique, conscient de toutes les possibilités offertes par cette société riche et complexe dans laquelle nous vivons. Tellement riche et complexe, d'ailleurs, qu'un jeune qui réfléchit à son futur métier risque parfois de se sentir submergé par le nombre et la diversité des opportunités qui s'offrent à lui. Quand on a entre cinq et dix ans, on peut sans sourciller décider un jour de devenir footballeur professionnel... pour choisir d'être pompier le lendemain. C'est l'un des privilèges de l'enfance. Par contre, au sortir du cycle d'orientation, du collège ou de l'université, ne pas savoir vers quelle profession se tourner peut devenir un vrai problème. C'est là qu'intervient le projet Kefair.
Trois minutes pour un métier
Kefair, c'est le titre d'une série de portraits programmés durant tout le mois d'avril par la TSR (une deuxième série sera diffusée à la rentrée). Quatre axes principaux servent de fil conducteur à ces 19 films: les métiers de la création, de la communication, de la technique et des chiffres. En trois minutes, de jeunes professionnels passionnés y présentent leur métier, décrivent leurs expériences et le parcours qu'ils ont suivi, de l'apprentissage aux études universitaires en passant par les autodidactes. Ces petits films ont été conçus et produits par le bureau de création Bontron & Co à l'initiative de swissUp, Fondation pour l'excellence de la formation en Suisse. Ils permettent de manière très visuelle à un jeune (ou moins jeune) de savoir de quoi sont faites les journées d'un techno-imprimeur ou comment et pourquoi l'on devient interprète en langue des signes. Un des nombreux arguments en faveur de ces clips est leur propension à projeter leurs spectateurs dans des environnements méconnus. Lorsque, par exemple, un pilote affirme que son métier était “un rêve d'enfant” et qu'on le voit survoler les Alpes aux commandes de son appareil, on est prêt à le croire. Et quand on découvre le travail d'une maquilleuse artistique, tout sourire dans les coulisses du Grand Théâtre de Genève, on s'imagine assez bien à sa place. Voilà donc le coeur du projet : voir de "vrais gens" dans leurs occupations de tous les jours, donner envie d'en savoir plus sur l'ambiance d'une profession.
Un tour d'horizon complet
Bien sûr, au sein de la série de portraits, des métiers dits "classiques" sont traités. On trouvera notamment (et ça ne surprendra personne en Suisse) un gestionnaire de fortune impeccable dans son costume trois pièces. L'important dans ce cas particulier n'est pas l'originalité du métier mais bien la passion de celui qui l'exerce. Et celui-ci semble effectivement passionné. Autre job incontournable de notre pays, celui d'horloger. Ou, plus précisément, horlogère rhabilleuse. Dans le court métrage qui lui est consacré, Isaline Golay, 24 ans, explique comment elle reçoit les montres abîmées de célébrités, comment elle les démonte, les nettoie et combien elle est fière lorsque, voyant tel acteur à la télé, elle peut dire à ses amis: "Hé, c'est moi qui ai réparé sa montre!" Et d'ajouter avec une (charmante) pointe d'accent jurassien: "La passion que mettent les gens dans ce métier, ça c'est vraiment beau." Autre atout de Kefair, celui de donner à voir des professions bien moins connues que celles dont on vient de parler. Qui penserait par exemple à travailler dans le négoce international? Qui sait d'ailleurs en quoi consiste cette activité? Idem pour le compliance officer. Kezako? Un nouveau grade militaire? Et un polymécanicien, c'est quelqu'un qui répare tout? Ces métiers sont pourtant exercés partout et, connus ou pas, la plupart d'entre eux bénéficient d'un marché porteur. Le meilleur moyen d'en savoir plus est de voir ces films.