Céline Baillod |
Niloufar Aazam-Zanganeh |
L'alternative d'une carrière sportive de niveau international, on y a tous songé un jour. Si la majorité en abandonne vite l'idée, d'autres personnes suivent leur passion avec un peu plus de sérieux, quitte à devoir gérer l'ingérable. Des horaires abominables, des milliers d'heures d'entraînement, et une remise en question perpétuelle sur le bien-fondé des choix et des sacrifices qui en découlent.
Pour Niloufar, le choix le plus important fut de partir seule pour 4 ans rejoindre l'Université de Duke, et d'accepter l'offre de bourse de la prestigieuse école de Caroline du Nord. «J'avais pris ma décision il y a très longtemps, vers 16 ans. Je savais que si je voulais vraiment tenter ma chance en golf, il fallait que je parte là-bas. Ma grande chance est d'avoir reçu des propositions spontanées des universités les plus réputées. Je n'ai eu qu'à dire oui…» Il faut dire que lorsqu'une université américaine désire prendre une sportive sous son aile, elle sait y mettre la manière. «J'ai reçu une bourse couvrant tous mes frais sportifs et matériels, ce qui représente environ 40'000 dollars. Tous mes frais ont été payés par l'Université…» Cette aide est d'autant plus importante que la jeune golfeuse ne peut pas compter sur des primes de tournoi: en effet, un golfeur ne peut pas recevoir d'argent aussi longtemps qu'il sera amateur! On est encore loin des millions qui pleuvent sur des sportifs tels que Tiger Woods…
Pour Céline, qui n'a pas eu la même opportunité que la jeune golfeuse, son quotidien est rythmé par le jonglage incessants de ses heures de cours et les nombreux stages qu'elle doit suivre avec les compétitions: «Si je rate trois jours durant un stage à cause d'une compétition, je peux tout recommencer». Ce qui ne l'empêche pas de voir la chose avec sourire et décontraction. «Moi je vois ça comme étant normal, nous assure-t-elle. Cela fait tellement longtemps que je le fais... Mais ceux de ma classe me considèrent encore comme une extra-terrestre! Ils ne voient pas comment je peux gérer les deux à la fois.» Et si Céline arrive à s'en sortir, c'est avec l'aide de ses parents, l'argent des stages et des petits boulots durant les vacances. «Avec 2'000 francs j'arrive à couvrir les frais d'une saison, ainsi que l'écolage. Ce n'est pas le plus cher des sports.» En effet, on peut imaginer que le bonnet et le maillot de bain ne représentent pas le même investissement que des clubs de golf...
Un fossé gigantesque Au niveau de l'encadrement technique, la situation de Niloufar n'a également rien à voir avec la situation en Suisse. «C'est vraiment pour cela que je suis partie. Les Américains sont très forts pour fournir une infrastructure imposante qui responsabilise et motive les étudiants. On ne nous fait pas de cadeaux pour les examens ou les délais de reddition de travaux, mais le dialogue est toujours possible avec les professeurs. Il existe aussi des cours d'encadrement qui permettent de rattraper les cours manqués à cause d'une compétition grâce à un système de tuteurs.» |
Face à une telle organisation, on a de la peine à croire que Céline n'est même pas surveillée par un quelconque médecin ! «On a bien un rendez-vous deux jours tous les ans, mais on n'est pas très suivi d'un point de vue médical, tranche pour sa part Céline. Mais je pense avant tout que cela est dû au fait que la Suisse ne se donne pas les moyens. Quant on pense que Lausanne est la capitale olympique, et que la ville n'a même pas de bassin olympique...»
Et l'avenir ?
Et comment nos deux sportives se projettent-elles dans le futur? D'un côté comme de l'autre, tout reste possible: «Dans dix ans, je pense que je ferai encore du sport, nous assure Céline. Mais je ne nagerai sûrement plus (la carrière d'une nageuse dure jusqu'à environ 27 ans). Heureusement, ma carrière sportive m'ouvre des portes du point de vue professionnel. J'ai été engagée pour suivre l'équipe suisse junior de natation comme physiothérapeute.»
Quant à Niloufar, son avenir sportif a été remis en question par une vilaine blessure au poignet. Une mésaventure qui est arrivée au plus mauvais moment: «Je venais de passer tout l'été en Suisse dans l'optique de passer professionnelle. En repartant aux USA pour m'inscrire au tournoi, je ressentais une douleur au poignet, mais j'espérais que cela n'était pas trop sérieux... Mais après quelques radios, il s'est avéré que c'était plus grave que prévu. J'ai donc dû renoncer à m'inscrire au tournoi, et m'infliger un repos total d'au moins six mois. C'est vraiment rageant. Mais je ne désespère pas de remettre ça l'année prochaine!»
On croise les doigts pour elle...