Lessive, téléphone, raviolis

«Bujard et Panchaud», un livre pour les étudiants fraîchement sortis du nid familial . Bienvenue dans le monde de la consommation!

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Un livre: Bujard et Panchaud. Un auteur: Alain Freudiger, ex-étudiant de l'UNIL. Une histoire qui fait bizarrement résonner en nous le fameux Bouvard et Pécuchet, de Flaubert. Toutefois, il ne s'agit pas ici d'expériences scientifiques, mais bien d'expériences de vie. L'auteur, qui suit le quotidien de deux postadolescents pas forcément très matures, fait un état des lieux drôles et sérieux de la société de consommation dans laquelle nous évoluons.

Petit retour sur l'intrigue. Les deux personnages, Bujard et Panchaud, vivent à Lausanne en colocation et comprennent petit à petit que dans la vie, tout n'est pas si facile. Le  simple fait de devoir remplir régulièrement leur frigo ne tombe pas sous le sens et leur semble trop fatigant. «Heureusement il y a Findus, Findus ! hasarda Panchaud. [...] Eh bien, ça doit bien avoir un sens, répondit Panchaud. Peut-être qu'ils font des livraisons à domicile? Ils consultèrent l'annuaire avec empressement. Malheureusement il n'y avait pas Findus.» Grosse déception pour nos deux amis qui doivent brusquement ouvrir les yeux. Il va vraiment falloir se mettre à aller faire les courses. De plus, les deux compagnons universitaires n'ont pas le loisir de dépenser l'argent comme ils le voudraient; ils comprennent que gérer un budget serré n'est pas une mince affaire.

Nos deux complices se rendent alors compte que le problème fondamental, c'est l'argent ! Pour ne pas se laisser envahir par une frénésie de consommation, il suffit de se démarquer du reste de la société, de ne plus être aussi dépendant de l'argent. Malheureusement pour un des protagonistes, la chute est dure. Il déchante bien vite après quelques tentatives infructueuses de troc auprès de Bluewin, de la Poste, ou d'une pharmacie. Son père le lui dira clairement: «...aujourd'hui c'est plus vraiment possible, y a trop de trucs nouveaux comme l'eau courante, l'électricité, le téléphone ou l'assurance-maladie. Tu peux plus troquer avec ça. Ou plutôt, tu peux, mais y a un seul moyen: il faut te faire élire au Parlement Fédéral sur une liste bourgeoise, et promettre à Zurich Assurances, Roche ou Novartis que tu voteras selon leurs consignes...» Pessimiste? Réaliste? En tous les cas critique...

Virevoltant de désappointements en désillusions, ils décident alors de tout quitter pour vivre en autarcie, le seul moyen (selon eux) de ne pas se laisser avoir par les nombreux vices de la société! Peine perdue. Comment un simple civil habitué dès son plus jeune âge aux commodités que lui offre la ville peut-il trouver le bonheur alors qu'il doit faire encore plus d'efforts pour ne mériter que son souper? La tentative burlesque d'égorgement de leur cochon, John, finit de les achever. Non seulement ils ont eu toutes les peines du monde à l'abattre, mais de plus, la viande se révèle être dure, et donc quasiment immangeable. «C'était quand même plus confortable quand nous pouvions acheter des morceaux de viande déjà découpés dans les magasins, remarqua Bujard. » Les deux larrons retournent en ville et trouvent un autre moyen pour ne pas se laisser emporter par cette soif d'achat: le vol. Mais pour rester honnêtes, ils décident de ne voler que les grosses entreprises. Malheureusement, ils connaîtront un grinçant échec à nouveau. Ils passeront alors à la vitesse supérieure, qui en toute logique, n'est autre que la destruction de tous les biens qui se trouveront sur leur chemin. Je ne vous surprendrai pas en vous affirmant qu'une fois encore, ils se rendront compte que ce n'est pas la bonne solution.

Le vrai problème survient alors que l'on s'y attend le moins! Panchaud, pour obéir à des directives de on école, doit réaliser un spot publicitaire. Il estime que ce genre de travail ne lui convient absolument pas, et réalise son court-métrage sans y porter la moindre attention. Mais c'est pourtant via ce film qu'il va se faire remarquer! «-Diable, que faire? se demanda Panchaud. C'est quand même foutrement tentant : mon talent est reconnu et je peux gagner des mille et des cents.» L'homme se retrouve alors confronté à lui-même. Doit-il suivre ses idées, ou ses intérêts? Une fois débarqué dans le monde du marketing, Panchaud se rend vite compte qu'il a fait le mauvais choix. Il décide donc de tout plaquer: au diable l'argent qu'il aurait pu gagner ! Non, décidément, non ! Ils ont eu beau tout tenter, ils ne sont pas parvenus à sortir de ce cercle vicieux, et pour cause; cela est impossible aujourd'hui! Mais que font-ils alors? Que deviennent nos deux héros ? Sans vouloir te pousser à la consommation... il va falloir le lire toi-même, cher lecteur ! Je ne te dévoilerai en aucun cas la fin du livre. Pourquoi irais-tu l'acheter si tu la connais déjà?