À l’heure d’internet et des nouvelles technologies, de plus en plus d’individus sont touchés, dans le cadre de leur travail, par un tsunami d’informations extra et intra net. Le plus répandu est, bien sûr, l’e-mail, devenu un incontournable de la communication externe pour les entreprises. Mais il possède, également, le quasi-monopole de la communication interne : au sein du même étage, voire du même bureau, les collaborateurs d’une entreprise échangent toutes les informations, inhérentes ou non au travail, qui peuvent être échangées au cours d’une journée au bureau.
Mais les e-mails ne sont pas seuls en cause : d’autres vecteurs entrent dans la danse du partage d’informations dans le monde du travail. La montée en puissance des plateformes de discussion instantanée et réseaux sociaux sont autant de moyens exploités tant par les cadres que les employés. Le nombre de mini-messages ayant explosé, la quantité d’informations à trier va en s’accroissant. Gare au burn-out...
Ces moyens d’informations sont tous les enfants d’un même réseau tentaculaire : le géant internet. Devenu incontournable pour quasiment tous les métiers des secteurs secondaires et tertiaires, vecteur d’idées, témoin de débats, c’est un outil sans précédent dont les entreprises auraient tort de s’en priver. Oui mais voilà, une telle toile comporte forcément une araignée au plafond… Tout d’abord, les employés s’en servent à titre privé durant les heures de travail, pour utiliser les réseaux sociaux ou faire des recherches à titre personnel et certains usent ou abusent du vide juridique qui règne en la matière…
D’autre part, la quasi exclusivité que font certaines entreprises à ce type de communication peut être un facteur de stress et une perte de contact humain entre les employés. Tant et si bien que ce qui avait pour but de faire gagner du temps et de la fluidité lors des échanges d’informations est finalement devenu un problème au niveau de la productivité mais aussi du point de vue social : l’aide qu’il représentait s’est progressivement, pour certains, transformé en handicap.
Au niveau interne, le collaborateur se doit d’être joignable en tout temps et surtout, au plus vite. Une culture de l’urgence s’est ainsi développée au sein de certaines entreprises. Les mails T.T.U, entendez « Très Très Urgents », assortis de nombreux points d’exclamation, se multiplient dans les boîtes. Les e-mails sont devenus une grande source de stress dans les entreprises. Un nouveau terme est d’ailleurs né pour désigner ce qui est à même de devenir une pathologie psychologique qui toucherait, selon une étude des universités de Paisley et Glasgow, un salarié sur trois : le « stress de l’e-mail ».
Et la vie privée, dans tout ça ? Avec les ordinateurs portables et autres Blackberry, le stress de l’e-mail ne concerne malheureusement pas que la vie au bureau. En déplacement, à la maison ; en week-end en amoureux comme en vacances en famille, beaucoup de cadres - et d’employés - se font un devoir d’être joignables en permanence par leurs collaborateurs. Sans jamais sortir, au sens figuré, de leurs problèmes de bureau, n’osant pas éteindre leur appareil de peur de passer pour des incompétents ou simplement par souci de se rendre indispensables, beaucoup deviennent esclaves de la petite baie noire.
Tout d’abord, il faudrait limiter au maximum la quantité d’in¬formations : se désabonner de toutes les newsletters inutiles ; établir un système d’archivage automatique des e-mails afin qu’ils soient automatiquement redirigés vers des dossiers par mots-clés. Et ne surtout pas lire les e-mails au fur et à mesure, c’est abrutissant au possible. Selon le King’s College de Londres, le QI moyen d’un salarié chuterait de 10 points lorsque sa boîte de réception est ouverte… La bonne vieille méthode de couper tout contact électronique lors de la réalisation d’un projet impor¬tant peut-être une solution. En somme, pour rester connecté à son activité, il convient de savoir se débrancher.
C’est pour éradiquer ce phénomène que la société « Atos Origin », une entreprise française de services informatiques, s’est lancée dans un pari ambitieux : devenir la première firme à ne plus utiliser du tout les e-mails pour ses communications internes. Les managers passent entre 5 et 20 heures par semaine à lire et écrire des e-mails, soit l’équivalent de 25% du temps total passé au bureau. De plus, les employés reçoivent en moyenne 200 mails par jour, dont 18% sont des spams. Constat éloquent.
Cette entreprise de services informatiques s’est donc laissé trois ans pour atteindre son objectif. Afin de remplacer petit à petit les e-mails, elle propose de développer des « applications dédiées », c’est-à-dire des plateformes communautaires inhérentes à l’entreprise, sur le modèle des réseaux sociaux. Comme une anticipation de l’idée qui convainc de plus en plus de cadres : l’e-mail ne sera bientôt plus considéré comme la meilleure manière de travailler et d'échanger.