Musicologue, organiste, maître-assistant à l'université de Fribourg et grand historien de l'orgue, François seydoux a voué sa vie à son instrument de prédilection. instrument qui fut même l'objet de sa thèse de doctorat, par ailleurs la plus longue de toute l'histoire du campus fribourgeois. Portrait.
«Quand j'avais quatre ans, ma tante m'a amené dans une église et là je me suis retourné, j'ai entendu et vu l'orgue...». C'est dans cet instant que la passion de François seydoux prend ses racines. une révélation précoce qui bon gré mal gré ne se matérialise qu'après quelques détours. Couronné du «meilleur bac du collège st. Michel», le jeune collégien se voit proposer une bourse pour étudier la physique nucléaire. Une anecdote qu'il raconte le sourire aux lèvres, car à l'époque, il le sait déjà, cette voie est aux antipodes de celle qui nourrit ses aspirations profondes. Aspirations qui se concrétisent non sans se heurter à certains écueils. François Seydoux se remémore encore les moments où «au lieu de faire des gammes, [il aurait] préféré aller jouer au foot avec [ses] copains». Mais sa tante, à laquelle il «doit une grande partie de sa réussite», l'a toujours poussé à continuer.
S'ensuit l'université de Fribourg, où il étudie la philosophie, la musicologie et l'archéologie chrétienne. «J'avais plus de 40 heures de cours, mais j'aimais beaucoup ce que m'enseignaient les pères dominicains». en parallèle, il continue de parfaire sa formation musicale au piano et... à l'orgue. il devient même professeur au Conservatoire de Fribourg. sa passion érudite pour l'orgue gagne encore en ampleur lorsque François seydoux décide d'y consacrer sa thèse de doctorat. Désignée meilleure thèse de sa faculté, Der Orgelbau Aloys Moser fait date puisqu'elle demeure «la plus longue de l'université de Fribourg».
En marge de ses précieuses contributions écrites - de multiples articles spécialisés et sa fameuse thèse de doctorat -, François seydoux se profile aussi comme un homme d'action. Aujourd'hui encore, il fait partie de nombreuses commissions et associations oeuvrant pour la sauvegarde de patrimoine ou plus spécialement pour la sauvegarde des orgues en suisse. «si je n'avais pas été là, concède-t-il, les grandes orgues de Fribourg n'auraient pas été conservées et restaurées... Parfois, j'en suis presque arrivé aux mains avec certains ingénieurs...».
Gardien des droits de l'orgue et professeur au Conservatoire, François seydoux commence à enseigner à l'université de Fribourg dans les années 70. «J'ai été engagé comme maître-assistant dès le 1er novembre 1992, «pour une période indéterminée» si mes souvenirs sont bons». Désormais considéré comme un dinosaure au sein de l'alma mater fribourgeoise, il livre un regard atemporel sur son métier: «Les étudiants, c'est ceux qui doivent gérer le futur et il faut leur donner les meilleures chances possible... La pédagogie c'est une chose qui va, qui vient et qui change tout le temps. Dans la vie, ça ne fonctionne pas de cette manière. Ce qui compte, c'est de les faire aller au fond des choses tout en leur donnant un aperçu des autres...».
Au début des années 80, François seydoux reçoit de nombreuses propositions de travail à l'étranger, mais les décline toutes. il est en effet engagé en 1983 comme organiste de la cathédrale de Fribourg, ce qui le lie définitivement au chef-lieu du District de la sarine, où il vit toujours. Bien qu'il soit passionné par ses travaux de recherche sur le facteur d'orgue Aloys Moser, le maître-assistant n'en délaisse pas moins la pratique. Ainsi donne-t-il encore des concerts dans la région fribourgeoise, alimentant par tous les chemins possibles sa fascination pour la «servante du seigneur». Fascination qui n'est pas prête de trouver son point d'orgue.