J'ai rencontré Vlatko par pur hasard, en me promenant dans les rues de Herceg Novi, belle petite ville qui se situe à l'embouchure du plus grand fjord d'Europe australe, la bouche de Kotor. En train d'admirer une belle église orthodoxe couronnée de palmiers, j'ai entendu un jeune homme parler en français avec son téléphone portable. Interpellé, j'ai attendu qu'il finisse, puis je lui ai adressé la parole. Un homme simple, avec un franc sourire, s'exprimant parfaitement dans la langue de Molière. Une conversation s'engage, nous allons siroter une boisson fraîche sur une terrasse du coin, avec une vue splendide. Vlatko a vécu une partie de son enfance à Genève, ce qui explique son bon français. Il est étudiant en Études Marines à l'Université du Monténégro, spécialisé en Ingénierie Marine. Voilà son petit témoignage.
«Zdravo! Je me nomme Vlatko M., je suis en dernière année de l'équivalent du Bachelor en Ingénierie Marine à Kotor, cité vieille de deux mille ans, patrimoine mondial de l'UNESCO. Je suis Monténégrin mais j'ai vécu une bonne partie de ma vie à Genève, ainsi qu'à Belgrade. Le Monténégro est nation millénaire, mais nous sommes indépendants depuis juin 2006.
Petit pays, mais beaucoup à y voir !
Le territoire du Monténégro, ou Crna Gora en serbo-croate (ce qui signifie littéralement «montagne noire»), est trois fois plus petit que celui de la Suisse, et pourtant il est une concentration impressionnante d'attractions et de beauté. Des montagnes ornées de pics accidentés touchent un ciel pur, entrecoupées par des canyons vertigineux couverts de forêts de pins ; une mer Adriatique de couleur émeraude avec ses parfaites villes méditerranéennes ; le plus grand et beau fjord d'Europe australe, la baie de Kotor, entourée de majestueuses montagnes de calcaire ; un cocktail culturel passionnant, Monténégrins, Serbes, Albanais et Croates, le tout dans une atmosphère méditerranéenne relaxante ; les églises orthodoxes et catholiques aux côtés de la mosquée ; de magnifiques villes fortifiées de style vénitien tel que Budva, Kotor ou Herceg Novi ou des petits bourgs enchanteurs comme la capitale historique Cetinje et la vieille ville de Bar ; le parc national de Durmitor où il est bon de chausser ses skis en hiver et le lac de Skadar, le plus grand des Balkans, sanctuaire d'une faune diverse et riche ; le monastère orthodoxe de Ostrog encastré dans la roche et surplombant une immense vallée. En bref, il n'y a rien de mieux qu'un mélange de soleil, playa, montagnes et culture.
À la fac de Kotor :
J'ai la chance d'étudier dans une faculté située à Kotor, la plus belle cité du Monténégro, nichée au pied d'imposantes falaises. La plupart des départements de l'Université du Monténégro se trouvent à Podgorica, la capitale peu attrayante. Je vis dans une résidence pour étudiants. Les cours commençant généralement vers 10h00. Je vais souvent nager dans l'eau délicieuse du matin, cela me permet de rester frais toute la journée (sauf si la soirée précédente était pleine de Nikši?ko et de rakija !). Le rythme des études est assez soutenu dans mon domaine, mais le cadre permet une inspiration et une concentration maximum. Le seul vrai problème vient du fait qu'il manque du personnel académique. Il arrive souvent que des cours soient annulés et ceci concerne presque toutes les facultés au Monténégro… Bien que cela ne semble pas très sérieux, la vie estudiantine est bien organisée avec des tonnes d'activités extra et intrascolaires. Les occupations sportives sont bien présentes et nous avons la meilleure équipe de foot de toute la côte. Je fais souvent de la plongée, la mer Adriatique regorge de richesses sous-marines.
Le coût de vie est très bas. Une chambre coûte en moyenne 20 euros par mois et on dépense au max 5 euros par jour de repas. En tant que touriste, tout devient plus cher, alors fais attention à tes sous. Mais cela reste bien plus raisonnable que la plupart des destinations du sud de l'Europe méditerranéenne.
La vie monténégrine:
En été, la côte est envahie par des milliers de touristes. Les températures avoisinent souvent les 35 degrés celsius. Mes amis et moi allons souvent faire de la pêche sur un petit bateau et nous nous baignons dans l'eau chaude. Enfin nous allons boire une Nikši?ko, la bière nationale, ou du loza (liqueur de pulpe de raisin) en se rassasiant d'olives, concombres et câpres marinés dans l'huile d'olive. La cuisine monténégrine diffère selon la région : influences italiennes sur la côte et influences turco-serbes partout ailleurs. Vous ne pouvez pas passer à côté d'un bon poisson frais ou d'un ?evap?i?i (boulettes de viande grillées), de toutes façons, la gastronomie ne vous décevra pas !
Le soir, la plupart des jeunes se retrouvent en vieille ville dans des bars ou sur les plazzas, parfois rythmés par des musiciens tziganes qui jouent en marchant dans les rues (on se croirait dans les films de Kusturica !). Beaucoup d'étudiants vont s'amuser à Budva, où la vie nocturne est plus mouvementée. La capitale Podgorica, malgré son aspect peu séduisant, commence à attirer les foules de fêtards en misant sur des boîtes de nuit sophistiquées.
Quand les flots incessants de touristes envahissent la belle Kotor (plutôt en juin-juillet-août), je m'échappe parfois sur les hauteurs et je m'éternise à observer la vue qui s'offre à moi.
Malgré ce beau tableau, le pays fait face à de multiples difficultés, comme un taux de chômage élevé dû à une économie pauvre en services. Il y a peu de ressources naturelles. Le tourisme et la mer sont nos deux meilleures issues de secours, pour l'instant… Beaucoup de gens rêvent déjà d'un avenir sous la bannière de l'Union Européenne, mais il faudra attendre de nombreuses années avant d'atteindre cet objectif tant convoité. Beaucoup sont encore nostalgiques de l'époque de la Yougoslavie socialiste de Tito, et également de l'union avec la Serbie, néanmoins la réalité est toute autre maintenant. Pourtant les Monténégrins sont des gens fiers et ne baissent pas les bras.
J'invite quiconque à venir visiter ce magnifique pays qui regorge de mystères et de beautés. Même s'il est petit, je n'ai jamais fini de le découvrir et il m'émerveillera toujours. Grâce à une société de plus en plus mondialisé. Nous espérons voir venir toujours plus d'étudiants de l'étranger. Les études, ici, sont un vrai plaisir, malgré certaines lacunes académiques et institutionnelles. Pour ma part, cela me motive de repousser mes limites ! Si vous voulez faire un tour pour profiter des belles plages, puis des montagnes pour rider seul avec les ours, tout ça dans un cadre serein et splendide, ce pays est fait pour vous!