La «favela»

Une chose qu'on entend dire en arrivant au Brésil: «Ne te rends jamais dans une favela! C'est dangereux, tu pourrais te faire tuer ou kidnapper dès les  premiers mètres!» N'importe quoi.

La plupart des favelas sont moins dangereuses que certains quartiers de la ville. Ces lieux sont souvent sûrs car les bandits qui les contrôlent suscitent la peur auprès de la population qui ne transgresse donc pas les lois qu'ils imposent. J'ai passé trois jours dans Rocinha, la plus grande favela du Brésil, à Rio de Janeiro. C'est un autre monde, oui. Complètement. C'est une autre société, une autre époque, un autre temps.

Il y règne une énergie époustouflante : on y sent la «Vie». Dans chaque coin de rue, on entend de la musique et des conversations mouvementées. On voit des enfants jouer au football. Bien sûr, l'esprit de communauté est grand et il faut donc éviter de s’y aventurer seul sans raison valable (visiter quelqu'un,...). Mais, encore une fois, je me suis senti très en sécurité.

Une favela au Brésil

Il y a beaucoup à raconter sur les favelas et leur place dans la société brésilienne, le gouvernement utilisant la peur que ressent la population par rapport à celles-ci pour justifier des monstruosités. Pour avoir une idée : Les plus belles vues sur Rio sont à voir depuis les favelas, qui se sont construites sur les flancs des montagnes. Les investisseurs, poussés par l’avarice du capitalisme, sont donc avides de ces lieux et s’approprient, petit à petit, ces communautés, de toutes les manières possibles. En achetant des maisons ou des terres dans les favelas pour construire des hôtels, villas ou autres, les prix montent et les habitants de la communauté sont forcés de se déplacer face aux hausses de prix ! Et c’est quand les habitants des favelas ou ceux qui les dominent ne veulent pas vendre leurs terres que des atrocités dissimulées surviennent. Une partie non négligeable de la police brésilienne est corrompue, et cela se traduit, notamment dans des trafics avec les têtes de la favela. Les Films «Tropa De Elite» 1 et 2, spécialement le deuxième, sont des longs métrages très intéressants relatant ces problèmes sociologiques de façon profondément brillante.

Un certain nombre de favelas sont «pacifiées», ce qui signifie que la police prend le contrôle sur le lieu en renversant les principaux bandits. Le mot n’est pas bien choisi car ces opérations se font avec beaucoup de violence et la population locale en souffre, également, une fois la pacification faite (la police n’arrive pas à exiger un respect des lois aussi fort que les bandits le faisaient, ce qui se traduit, paradoxalement, par une diminution de la sécurité dans la favela).


Présence policière dans les favelas