Les champs balisés, Raphaël Sudan ne les apprécie guère. C’est hors des sentiers battus que le musicien fribourgeois préfère tracer son sillon. Etudiant à la Haute-Ecole de musique, il est à son piano 5 à 7 heures par jour. Une discipline de fer qui n’entame en rien le bonheur du jeune artiste. Car l’aisance naît du labeur, le génie de la rigueur, en musique plus qu’ailleurs. Raphaël n’est pas un étudiant comme un autre. Loin des bancs d’école, il forge son talent dans les nombreux récitals qu’il donne tout au long de l’année et qui l’emmène souvent hors de Suisse, parfois jusqu’en Chine. Formé dans le giron de la musique classique, il en a pourtant toujours refusé le carcan pour cultiver un éclectisme revigorant. Rock, jazz, variétés, le pianiste ne méprise aucun style, lui qui a même tâté du métal dans un groupe et créé dernièrement une comédie musicale «grand public».
Mais à 24 ans le jeune homme sait ce qu’il doit à sa première «maîtresse». «J’étudie la musique classique par passion, mais aussi parce qu’elle nourrit mon intérêt pour d’autres tendances». Celui qui se dit né anti-conformiste apprécie son train de vie si peu académique qui lui laisse le loisir de composer sa propre partition. Lucide, le Fribourgeois ne se rêve pas concertiste. S’il est obligé d’enseigner pour se constituer un pécule, l’étudiant en dernière année de Master d’Interprétation espère bien limiter au maximum cette activité pour se consacrer à des projets personnels. Un seul impératif pour ce passionné d’improvisation, un art dans lequel il s’est perfectionné lors d’un récent stage au Conservatoire de Versailles et où désormais il excelle: «être heureux!». Dans sa musique, comme dans la vie, en allant au bout de ses rêves. L’un des siens se matérialisera prochainement sous la forme d’un premier album solo. «Il y a d’autres choses, il y a d’autres chances, à nous d’oser les créer et de savoir les saisir.» Le message est lancé!