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Thérapie financière

Les études en économie et le monde de la psychologie paraissent au premier abord difficilement conciliables. Cette vision cloisonnée a néanmoins été abolie lorsque le psychologue Daniel Kahneman remporta le prix Nobel en économie en 2002. Il montrait l'importance de la psychologie dans la compréhension des comportements au sein du milieu économique.

Apprendre à choisir
«Pour un gestionnaire, faire de bons choix est essentiel», explique le professeur Ulrich Hoffrage, psychologue cognitif et Professeur en sciences des décisions. «Et il y a une longue tradition de recherche en psychologie et en économie comportementale pour décrire les erreurs de jugement. La psychologie a beaucoup à offrir pour comprendre les processus qui mènent à ces erreurs, les compenser et prendre de meilleures décisions. Cela implique d'utiliser des stratégies adaptées aux structures d'information dans l'environnement où sont prises les décisions pour les rendre plus faciles à digérer.»

D'après le Prof. John Antonakis, psychologue industriel et Professeur en comportement organisationnel «La HEC est dans le bon wagon dans le domaine de la science du comportement économique. Malheureusement, nous rencontrons beaucoup de résistances chez les professionnels établis depuis de nombreuses années, car nos études remettent en question beaucoup de pratiques établies dans le milieu du management, y compris l'indéboulonnable entretien d'embauche, qui ne prédit pas très bien la performance future des candidats engagés, à l'opposé des tests psychologiques. Cela est dû au fait que les interviewers cherchent à confirmer leurs attentes, ce qui mène fatalement à des erreurs.»


observer et tuer les préjugés


Engager la bonne personne, et pour le bon poste: voilà probablement un des choix les plus importants pour n'importe quelle entreprise: «Lorsque des managers regardent deux curriculum vitae pour un poste à responsabilité, ils attendent que le candidat ait des caractéristique dites «masculines», parce que «leader» et typiquement liée au genre masculin. Si une femme se présente pour le même poste, elle recevra une étiquette «femme.» Ce qui implique que le manager va essayer de chercher des caractéristiques qui concordent avec l'étiquette (pour maintenir l'attente initiale), tout en ignorant ses vraies compétences.»

Le Prof. Hoffrage continue avec un exemple très simple: «Imaginez que l'on donne une série de trois chiffres (2 – 4 – 6) régie par une règle simple, et que l'on demande ensuite à quelqu'un de découvrir cette règle. Il ne peut le faire qu'en donnant un exemple et en demandant si la règle est respectée. Il y a de fortes chances que la personne pense qu'il s'agit d'une suite de chiffres pairs, ou d'une addition régulière et donne des exemples comme 10 - 12 - 14 ou 1 - 3 - 5 ou encore 100 - 200 - 300. Malgré le fait que leurs séries sont conformes à la règle, ils ne réaliseront pas qu'ils ont une mauvaise hypothèse. La règle étant simplement une série de nombres croissants, il faudra qu'ils donnent un exemple tel que 2 - 4 -7 pour réaliser leur erreur.»

Mais il ne s'agit pas uniquement de prendre des décisions plus profitables pour l'entreprise. Pour le Prof. Antonakis, «introduire le scepticisme scientifique dans ce genre de décisions permettrait à beaucoup d'entreprises d'engager des gens véritablement compétents, et de façon éthiquement beaucoup plus défendable, car sans préjugés sur le sexe ou l'origine sociale.»

En guise de conclusion, le professeur ajoute: "la façon dont les psychologues voient le leadership est aussi différent des modèles économiques. Les leadership basé sur les valeurs et pas sur des obligations contractuelles est une force qui est souvent sous-estimée. Le professeur me montre une vidéo de G.W. Bush déblatérant les idioties dont lui seul à le secret... «Parce qu'il n'est pas normal que des personnes comme celles-là arrivent au pouvoir dans un monde dit rationnel...»