Les crises cardiaques surviennent souvent sans signe annonciateur. Selon des chercheurs de Lausanne, Berne et de San Francisco, l'électrocardiogramme pourrait aider à détecter les personnes à risque lorsqu'elles sont encore en bonne santé.
Le patient a 70 ou 80 ans et jouit d'une excellente santé. Son électrocardiogramme (ECG) montre cependant une anomalie mineure. Le patient aurait un risque plus élevé de subir un infarctus du myocarde dans les années à venir même s'il ne ressent aucun symptôme typique d'un infarctus (serrement de poitrine, sudations excessives, difficultés à respirer).
C'est ce que montrent des chercheurs de la Policlinique Médicale Universitaire (PMU), de l'Université de Lausanne (UNIL), de l'Université de Berne (UNIBE) et de l'Université de San Francisco (UCSF). Les chercheurs ont, aux Etats-Unis, étudié les ECG de plus de 2000 seniors. L'étude a été publiée le 11 avril 2012 dans la prestigieuse revue américaine JAMA (Journal of the American Medical Association).
Suivis pendant 8 ans
L'étude a été menée par le Dr Reto Auer, médecin clinicien-chercheur de la Policlinique Médicale Universitaire de Lausanne - actuellement à San Francisco grâce à un fonds du Fonds National de Recherche Scientifique - sous la direction du Prof Nicolas Rodondi, Médecin-chef à la Policlinique de Médecine à l'Inselspital à Berne, en collaboration avec le Prof Jacques Cornuz de la PMU à Lausanne et avec Pedro Marques-Vidal, médecin à l'Institut Universitaire de Médecine Sociale et Préventive (IUMSP) à Lausanne ainsi qu'avec d'autres chercheurs américains.
2192 adultes de 70 à 79 ans, en bonne santé au début de l'étude, vivant aux Etats-Unis, ont été suivis pendant huit ans. Ceux chez qui des anomalies avaient été détectées à l'électrocardiogramme ont souffert de davantage de crises cardiaques que les autres. Le risque restait élevé lorsque les chercheurs ont pris en compte les autres facteurs de risque cardiovasculaires connus comme l'hypertension artérielle, le diabète, le cholestérol élevé dans le sang ou la consommation de tabac.
Les maladies cardiovasculaires restent la principale cause de décès dans notre société. Les médecins cherchent à les prévenir en détectant les personnes qui ont un risque plus élevé de développer un infarctus. Ils dépistent des facteurs de risque tels que l'hypertension artérielle, le tabagisme, le diabète et le taux de cholestérol sanguin élevé. Cependant, ces facteurs de risque sont moins fiables chez les personnes âgées. L'ECG pourrait donc être un nouvel outil pour dépister ceux qui ont un risque plus élevé de crise cardiaque.