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L’économie du partage à l’uni

La collaboration comme ressource pour les étudiants

 

Pouvoir sauver sa peau en trouvant les notes du cours précédent en ligne, telle semble être la contribution de l’économie du partage à l’étudiant. Nouvelle tendance bouleversant la société de consommation, la sharing economy entre également dans les moeurs à l’université. Coup de projecteur sur les contours de cette mouvance.

 

C’est quoi?

L’économie du partage renvoie à l’idée de mettre en commun des biens et de s’organiser dans le travail de manière plus horizontale. En d’autres mots, c’est une façon de consommer en se basant sur la collaboration par le partage plutôt que sur la propriété d’un bien. Le phénomène doit son succès au développement de la technologie de l’information et de l’usage d’internet, favorisant des structures de mise en réseau, de troc ou de location.

 

A l’université

Sur le campus, l’économie du partage se retrouve notamment dans l’échange des connaissances et des matériaux produits à des fins non plus individuelles, mais collectives. Pour le bien du plus grand nombre, des matériaux d’étude tels que notes de cours et questions d’examens antérieurs sont mis à disposition des étudiants. La composante de réciprocité est sensée pousser les étudiants à collaborer plutôt que simplement puiser dans une caverne d’Ali Baba. Certains sont devenus les champions de la mise à disposition, en mobilisant même des stratégies marketing pour mener à bien leurs projets. D’autres, la majorité, ne font que se servir dans ce qu’ils trouvent. Il en ressort une activité dynamique autour de l’échange de documents.

Outre les stimulations à monter des projets et à partager des connaissances, la consommation collaborative devient une nouvelle ressource pour les étudiants, qui plus est gratuite. Elle reste, à l’image de dossiers Dropbox communs à une faculté et gérés de manière collective, un moyen supplémentaire d’accès au contenu des cours ou aux travaux des autres. Le partage des notes et des travaux permet de ce fait de réutiliser des documents. Alors exclusifs et brièvement utiles, ils deviennent téléchargeables et largement propagés. S’ils figurent sur des sites internet, tout un chacun peut y accéder et profiter des productions. Dans la majorité des cas, ce sont surtout les étudiants eux-mêmes qui complètent leurs connaissances grâce à des synthèses ou des notes de cours. A l’approche d’un examen, l’économie du partage revêt alors toute son importance.

Du côté des désavantages, c’est plutôt la passivité des étudiants face à tous ces dispositifs qui serait en cause. Reposant sur un échange et une forme de réciprocité, la consommation sans contribution peut potentiellement devenir problématique dans la mise à jour des cours proposés ou la qualité des contributions.

Le fait de compter uniquement sur le travail des autres, souvent incomplet, peut aussi alimenter la paresse et provoquer l’effet inverse de celui escompté: l’engloutissement des connaissances sans réelle réflexion. Le propre de l’économie du partage, basée sur la réutilisation, est alors perdu. Cela fait malgré tout partie du jeu.

 

Partage du savoir

A l’UNIL, l’économie du partage comporte des visages divers. Pour certains,elle découle d’une forme d’idéologie. Elle symbolise la résistance à la capitalisation du savoir et permet de concrétiser une volonté de consommer en gardant un esprit critique. C’est le cas de La Zone, plateforme internet bien connue des étudiants en sciences humaines pour contenir un nombre grandissant de notes de cours en libre accès. Comme il y est expliqué : « Pour la défense du site, vous avez, par son biais, ainsi l’occasion de mieux «contrôler» vos documents (formes, contenus,…), ce qui n’est pas le cas quand il s’agit d’échanges par «réseaux», «contreparties» ou «échanges marchands»; les trois pouvant être confondus dans les idées qui le soustendent ». Le site comporte également des ressources pour faciliter la recherche ainsi que des liens renvoyant à une variété d’organisations ou collectifs, tels que la Gauche Anticapitaliste ou Acrimed (Action Critique Médias).

Le site etudiants.ch poursuit l’objectif d’être élaboré et exhaustif quant aux cours sur les campus.

L’économie du partage à l’université ouvre potentiellement de nouvelles façons d’acquérir le savoir. Concrètement, il permet aujourd’hui aux étudiants qui se sont appropriés cette tendance de s’échanger leurs productions, leurs travaux et leurs notes. C’est finalement déjà dans le milieu académique que s’effectuait -et s’effectue- continuellement le travail collaboratif dans la recherche. Reste à consommer correctement les « biens » en circulation. L’objectif n’est pas la surdose d’information mais la qualité et l’appropriation du bien, comme le rappelle le mode d’emploi de La Zone : « il s’agit de ne pas croire que la possession virtuelle ou physique de documents vous est d’une quelconque aide. Il s’agit d’éviter de vous noyer sous une masse d’informations en sélectionnant uniquement ce qui vous est profitable et utile ».