Un été solidaire au Burkina Faso

Plongée au cœur d’un voyage humanitaire en Afrique

Dans le cadre d’une formation en ergothérapie à la haute école de travail social et de la santé de Lausanne (eesp), une vingtaine de jeunes a repris la gestion de l’association, «Solidarité Burkina», créée en 2010, par des étudiants du même domaine. Renommée par cette nouvelle équipe «Mouv’Burkina», le groupement a revu le jour, début 2012, avec le projet de partir l’été 2013 au Burkina Faso. But du séjour? Aller aider les personnes en situation de handicap mais aussi découvrir un pays et une nouvelle culture. Le voyage visait, également, à en apprendre plus sur cette population, son mode de vie ainsi que sa vision de la rééducation et du handicap.

Le stress monte d’un cran

 

Après un an et demi de préparation, de réunions, de récoltes de fonds… Nous pouvons enfin partir. Certains pour deux semaines, d’autres pour un mois. L’idée est de nous répartir sur une durée d’un mois et demi afin d’avoir un suivi sur nos actions. Là-bas, nous serons en collaboration permanente avec l'association «Handicap Solidaire Burkina» qui intervient et aide les personnes burkinabées, en situation de handicap. Sommes-nous prêts? A quoi devons nous nous attendre une fois sur place? Avant le départ, le stress monte!

Après un voyage mouvementé et rempli d'appréhension, nous arrivons au Burkina Faso. Certains membres de l’association sont déjà repartis, après deux semaines de mission, et d’autres sont encore là pour nous accueillir et nous plonger dans le «bain africain». Ils nous expliquent comment vont se dérouler les opérations, la collaboration avec «Handicap Solidaire Burkina» ainsi que la mise en route de nos projets.

Dépaysement total

 

Nous arrivons la nuit, nous ne nous rendons donc pas vraiment compte de l'environnement et de l'aventure dans laquelle nous nous lançons. C’est au réveil, le lendemain, que nous découvrons les yeux grands ouverts le Burkina-Faso et plus particulièrement la ville de Ouagadougou (plus communément appelé Ouaga) où nous séjournons : les marchands ambulants au bord des routes, les pistes, les quartiers, les couleurs des pagnes, la circulation, les bruits… Un vrai dépaysement! Cette ambiance nous permet de nous rendre compte de la vie qui sera la nôtre pour les semaines à venir.

Se restaurer au maquis

 

L'aventure peut commencer: On est très bien reçu par les membres de l’association «Handicap Solidaire Burkina». Nous découvrons le fonctionnement du groupement: le comité, l’atelier de fabrication de fauteuils roulants et de tricycles, où des personnes en situation de handicap travaillent, et finalement leurs actions. Cette association organise l'accueil d’enfants en situation de handicap une fois par semaine, met en place un centre d'écoute, favorise le sport handicap... En plus de tout cela, nous nous habituons à la vie locale, même si nous sommes quelque peu déboussolés par les courses au marché ou sur le bord des routes, la nourriture locale, les repas dans les maquis. Les maquis sont des petits restaurants typiques burkinabès où les gens viennent se restaurer, le midi. Au menu: riz en sauces et le riz gras.

Interroger notre pratique

 

Après quelques jours, on commence à prendre nos marques, à se sentir de plus en plus à l’aise dans l’ambiance africaine et à suivre ce rythme qui n’est pas toujours aussi rapide qu’on le souhaiterait et en particulier pour les projets de notre association. Ils se mettent toutefois en place: départ pour des villages autour de Ouaga plusieurs fois par semaine afin d’identifier les adultes ou les enfants en situation de handicap qui auraient/ont besoin d’un moyen de déplacement de type fauteuil roulant, tricycle.
Nous procédons, aussi, à la distribution de béquilles. La plupart du temps, on se retrouve, au milieu du village, avec des personnes qui nous attendent sous un arbre. Cela nous fait réfléchir, à la vision que l’on a de l’ergothérapie et surtout des moyens que nous avons en Europe. Certaines personnes nous touchent particulièrement par leurs besoins et certaines de nos actions sont donc plus ciblées comme la réalisation d’un fauteuil roulant pour un petit garçon qui, depuis sa naissance, vit allongé sur une natte au sol, la fabrication d’un coussin pour une petite fille avec une escarre (plaie) au niveau des fesses afin de favoriser la cicatrisation et de prévenir l’aggravation de celle-ci. Certaines prises en charge sont très compliquées. En effet, que faire face à certaines situations avec les moyens restreints que l’on a ici, quand on se retrouve confrontés à certaines personnes qui sont vraiment dans le besoin et dont la prise en charge serait, également, compliquée en Europe. Cela nous amène forcément à des remises en question sur notre mode de fonctionnement et notre pratique de l’ergothérapie.

Mettre la main à la pâte

 

En plus d’identifier ces personnes, nous passons quelques jours à l’atelier de soudure afin de construire des fauteuils roulants pour les bénéficiaires que nous avons rencontrés les jours précédents. Certaines journées sont également consacrées à la rencontre de personnes en situation de handicap pour qui nous finançons un projet de réinsertion professionnelle tel que la mise en place d’un élevage afin de permettre à un bénéficiaire d’avoir un peu d’argent pouvant l‘aider à vivre. Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas. A chaque fois et malgré le peu d’aide que l’on peut parfois apporter, on a en face de nous des personnes qui nous remercient chaleureusement. Les sourires suffisent, en effet, à eux-mêmes, pour exprimer leur gratitude envers les gestes et les engagements de notre association.

Au milieu de la brousse

 

On profite, également, de nos jours de congé pour voyager à travers le pays afin de découvrir les différentes cultures en fonction des ethnies et des villes. Grâce à ces paysages à l'antipode du panorama suisse, nous en prenons plein la vue. Lors d’un week-end, nous sommes partis à Bobo-Dioulasso. Le voyage a duré cinq heures. Les paysages défilent sous nos yeux: champs, brousse, cases, puits où les habitants viennent chercher de l’eau, splendide coucher du soleil. Une panne de bus vient pimenter le trajet.

A Bobo, on découvre le marché avec ses «mille étales» où sont exposés épices, pagnes, fruits, viandes… Nous découvrons, également, la mosquée d’architecture typique et le vieux village. Puis, nous descendons plus au sud pour découvrir Banfora avec les cascades de Karfiguéla et les dômes de Fabédougou. Nous avons, de plus, eu la chance de faire une promenade en pirogue sur le lac aux hippopotames de Tangréla. Un autre week-end est consacré à un safari dans une réserve où les éléphants, les cobes, les singes, les phacochères et les antilopes sont au rendez-vous. A travers cette escapade, nous découvrons un village typique et sa culture: Tiébélé. On fait, également, l’ascension du pic de Nahouri pour avoir une vue imprenable sur la brousse.

Bilan largement positif

Malgré les petits désagréments que tout touriste rencontre en Afrique (moustiques et tourista), ce séjour a été, pour nous tous, une magnifique aventure sur le plan humanitaire, professionnel, relationnel et personnel. Chacun a vécu sa propre expérience et nous avons réussi à créer un groupe soudé qui a pu œuvrer, dans la mesure du possible, de manière efficace auprès des personnes en situation de handicap. Tout cela en gardant toujours en tête ce proverbe africain, qui suit «Mouv’Burkina» depuis ses débuts: «Si beaucoup de petits hommes font beaucoup de petites choses à beaucoup de petits endroits, le visage du monde se transformera».

CH