Heidelberg

vue sur Heidelberg

Le rêve de tout étudiant

Le décor est vite planté.  Il y a le château médiéval surplombant la ville, le célèbre chemin des philosophes et le pont Karl-Theodor, plus connu sous le nom d’alte Brücke. Point. Mais ne te fie pas à cette image de carte postale, un brin réductrice. En y regardant de plus près, Heidelberg regorge d’autres trésors cachés! Plongée au cœur d’une cité millénaire. 

La plus ancienne université

Comptant près de 30'000 étudiants pour une population de 150'000 habitants, la cité allemande se veut résolument estudiantine. Ce qui attire tous ces jeunes en formation? Le prestige de l'université à l’existence millénaire. La haute école a été fondée en 1385 par le comte Ruprecht Premier. Elle comptait, à l’origine, trois facultés contre douze aujourd’hui. Mais, des pages noires jalonnent aussi son histoire. La disparition totale de la bibliothèque lors de la guerre de 30 ans, sans doute pillée par l’ennemi. La présence d'un certain Paul Joseph… Goebbels, futur ministre de la propagande nazie.
Aujourd’hui le vent a heureusement tourné; il souffle  en direction de la technologie. Médecine et physique sont devenues les branches phares de l'établissement. Un flot d'étudiants du monde entier prennent littéralement d'assaut les auditoires! La Faculté des Lettres jouit également d'une bonne réputation laquelle trouve sa source dans l'ancienneté de l'université. Le vaste panel de cours liés à l'histoire ancienne et médiévale m'a enchantée. J'ai pu suivre des enseignements sur la dynastie des Ptolémée, dont est issue Cléopâtre, sur les conquêtes d'Alexandre le Grand ou encore sur les Anglo-Saxons, ce peuple qui a envahi l'Angleterre à partir du Ve siècle.

Vie culturelle

Mais loin de privilégier uniquement le côté scientifique, Heidelberg promeut aussi la culture. Une vraie mine d'or quand on est un étudiant Erasmus! Tu aimes la musique? Pas de problème, des concerts  de musique classique gratuits sont proposés au début de chaque semestre.Tu es plutôt un fêtard? Rendez-vous dans la vieille ville, poumon de la vie estudiantine et fief de l'université. Bordée de coquettes maisonnettes et assiégée par les touristes le jour, la Hauptstrasse se transforme en paradis des noctambules le soir venu. Les enseignes qui proposent des plats de subsistance, durant la journée, sortent alors les cartes des cocktails. Parmi les bars en vue, le mythique Hard rock café ou l'Extrablatt. Et n'oublions pas de citer les géants: quatre clubs qui rythment la vie des danseurs, les trois Halles, situées vers la gare, et la Schwimmbad, ancienne piscine relookée.

Mensa... surprenante

Qui aurait cru que la Mensa (la cafétéria de l’université) rythmait la vie étudiante autrement que par des Schnitzel et des Currywurst? Les plats sont fort heureusement plus variés. Le menu ne se résume pas à l'inévitable charcuterie accompagnée des non moins célebres Kartoffeln! Ensuite, parallèlement aux repas, la Mensa organise une multitude d'événements. Poetry slam, brunch un dimanche par mois, concerts de rock dans la cour extérieure ou la retransmission de matchs de foot sur écran géant... Et ce n'est pas tout.

À côté de la cafét, il y a son petit frère: le Café. Se distinguant de cette dernière par une forte odeur de cigarette, il pourrait être rebaptisée «le paradis des amateurs d’herbe à Nico». Parmi les activités se déroulant à cet endroit: les traditionnelles fêtes marquant le coup d’envoi du semestre, toujours surpeuplées à cause de l'étroitesse des lieux. Elles finissent immanquablement en saunas grandeur nature! Le Kino Café demeure très intéressant pour les étudiants internationaux: tu payes un euro pour regarder un film sur écran géant avec sous-titres allemands. Choix alléchant: parmi les projections du semestre d'été 2012 comptaient «Tintin», «Millénium», le dernier «Harry Potter» ou encore «Perfect Sense».

Et si tu es sans le sou pour participer à cette foison d'évènements, tu seras vite engagé au sein du personnel. Travailler à la Mensa est  un job estudiantin facile à obtenir.


Université Heidelberg

Extrait de mon carnet de voyage

Montée aux flambeaux tourmentée


Ce lundi 30 avril 2012 est un jour spécial pour d'Heidelberg puisque la cité fête, ce soir, la  «Thinkstätte», autrement dit, la plus grande célébration de la ville qui rassemble la quasi totalité des habitants. Armée de flambeaux, toute cette foule se dirige à la nuit tombée en direction du Philosophenweg. Et là commence la montée jusqu'à un amphithéâtre construit par les nazis.

Naturellement, nous autres, Erasmus, étions de la partie. Nous nous étions donné rendez-vous avec des amis issus de six pays différents: Bulgarie, Canada, Italie, Hongrie, Angleterre, Espagne et Suisse. La Canadienne et moi partons de Neuenheimerfeld avec 20 minutes d'avance. Nous avions prévu cette marge afin d'assister, durant quelques minutes, à un concert donné en plein air à la Mensa avant de rejoindre les autres. Le problème, c'est que la manifestation musicale se révéla tellement bien que nous ne voulions plus décoller.

Mais nous finissons tout de même par nous en aller et remontons, à toute bombe, en direction du lieu de rendez-vous. J'avais une bouteille de vin blanc dans le porte-bagage, en équilibre instable, et même très instable, puisque soudain j'entends «BAM». Catastrophe, j'arrête le vélo, saute à terre et me retourne d'un bloc pour apercevoir le flacon en train de rouler en bas de la rue. Mais elle est toujours entière! Une voiture lui passe dessus. Je suis prête à verser une petite larme quand, miracle, je vois qu'elle est restée intacte! Elle a dû passer entre les quatre roues. Ni une ni deux, je me rue sur la route, m'empare de mon bien et rejoins mon vélo aussi vite que possible. La Canadienne n'a rien compris à l'histoire, elle n'avait même pas remarqué ma courte absence.

Une fois sur la Bismarckplatz, nous arrivons à repérer notre petit groupe italo-suisse. Nous entamons la montée vers l'amphithéâtre. Pas de flambeaux, mais une belle tranche de rigolade à progresser serrés comme des citrons dans une énorme foule, au milieu de la forêt noire. Il y a tant de monde que nous perdons la Bulgare et une Suissesse.

Pour te donner une idée de Thingstätte, imagine des centaines de petites lueurs qui montent jusqu'au ciel. Ce sont les gens installés sur les gradins qui produisent cet effet quasi magique. Le brouhaha était total dans cet amphithéâtre perdu au milieu de nulle part. Toutes les places étaient occupées, des étudiants jouaient avec le feu, des djembes faisaient entendre leurs vibrations entraînantes. Nous essayons pendant une bonne partie de la soirée de retrouver les «perdus» mais en vain: il y a tout simplement trop de monde! La soirée, quant à elle, se termine vers 3 heures du matin, chassés par une averse. Il faut aussi dire que l'une des Suissesses avait lourdement insisté pour partir; elle devenait de plus en plus verte au fur et à mesure que nous entendions les coups de tonnerre d'un orage se rapprocher. Mais le plus drôle dans toute cette histoire? Quand nous avons essayé d'ouvrir la bouteille de vin, nous nous sommes aperçus qu'aucun de nous n'avait songé à emporter de tire-bouchon!


Regards croisés sur la Suisse

Le point de vue d'étudiants «autochtones» sur la Suisse. «Un pays prospère mais aussi montagneux avec de beaux paysages. Il y a des traditions, c'est très authentique», énumère Anna, étudiante en français. Elle signale aussi que, linguistiquement parlant, Dame Helvétie est un pays de rêves!

Alex, étudiant en histoire, déclare: «je trouve la Suisse sympathique, parce que j'y ai déjà passé des vacances.» Et, dans les incontournables de notre image de marque, il cite la richesse, la fondue et le chocolat.

Quand nous quittons la Suisse, pour aborder la question délicate de la deuxième guerre mondiale, les avis sont unanimes: ce conflit est «too much». «On apprend beaucoup, on voit énormément de films et c'est bien. Mon école porte le nom d’une femme exécutée en raison de son opposition au régime. Mais on nous martèle cette partie de l'histoire tout le temps, sans arrêt. Quatorze ans durant à l'école» déplore Anna. «Nous ne sommes pas les coupables», renchérit Alex. La jeune génération n’a pas à endosser le poids du passé, elle qui se défend même d'arborer tout drapeau – sauf cas rares comme les matchs de foot - ou de se montrer patriote. Un lourd héritage qu'on devine plus qu'on ne voit dans une ville des plus dynamiques!